La profanation de la tombe de Kadar scandalise la presse
La classe politique hongroise tout comme les journaux s'émeuvent de la profanation de la tombe de l'ancien dirigeant communiste. "Même notre pire adversaire politique ne mérite pas un tel traitement", estime Magyar Hírlap.
Tous les journaux hongrois évoquent en première page la profanation de la tombe de János Kádár (1912-1989). Des inconnus ont emporté les ossements de l'ancien haut dignitaire de la Hongrie communiste, celui qui avait soutenu l'intervention soviétique de 1956 et occupé les plus hautes fonctions de l'Etat jusqu'en 1988. L'urne funéraire de son épouse a également disparu.
Le quotidien de gauche Népszabadság raconte que les gardiens du cimetière avaient d'abord cru que des marbriers travaillaient sur le monument et n'ont alerté la police que le mercredi 2 mai, à midi. Sa tombe, connue sous le nom de Panthéon du mouvement ouvrier, a été taguée de l'inscription suivante : "Un assassin, un traître ne doit pas reposer dans une terre sacrée". Népszabadság précise qu'il s'agit d'une citation de "Je veux des noms", une chanson du groupe Kárpátia, un groupe de rock nationaliste et révisionniste.
L'hebdomadaire économique Heti Világgazdaság rappelle que János Kádár a dirigé le Parti communiste pendant plus de trente ans et qu'il est mort symboliquement le 6 juillet 1986, le jour même où la Cour suprême a annulé le jugement prononcé à l'encontre du communiste réformateur Imre Nagy et de ses compagnons, qu'il avait donné l'ordre de fusiller en 1956.
Les journaux citent les déclarations des responsables des partis, qui sont unanimes pour condamner cet acte. Le porte-parole du Parti socialiste déclare : "En Europe, il n'est pas admis, et il est même défendu de profaner des tombes et de brûler des livres." La FIDESZ (centre droit) considère cet acte "non pas comme un acte politique, mais comme une atteinte à la piété : tout le monde a le droit de reposer en paix", dit leur communiqué.
L'éditorialiste du quotidien Magyar Hírlap (centre) rappelle que l'un des moments les plus bouleversants de la période qui a suivi la chute du régime a été lorsque la Hongrie a découvert qu'Imre Nagy et ses compagnons avaient été jetés dans la fosse commune les mains liées dans le dos, face contre terre. "L'indignation d'alors était naturelle. Mais personne, pas même notre adversaire politique le plus acharné, ne mérite que sa tombe soit profanée", estime néanmoins le quotidien.
L'éditorialiste de Magyar Hírlap pose la question : "Nous n'aurions donc rien appris depuis 1989 ? Nous pouvons avoir notre opinion sur János Kádár. Beaucoup analyseront encore la période de son règne, puisqu'il a été l'une des figures marquantes de l'histoire de la Hongrie. Mais on ne peut pas répondre aux horreurs commises par Kádár en profanant sa tombe."
Agnès Jarfas
Source: courrierinternational.com
dimanche 6 mai 2007
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