POLOGNE - Journée noire pour les frères Kaczynski
La Cour constitutionnelle a rendu son verdict. Selon elle, de nombreux articles de la loi sur les "lustrations" sont anticonstitutionnels. Un coup dur pour les frères Kaczynski, pour lesquels la décommunisation reste une priorité. Pendant que l'opposition jubile, la droite maintient son cap dans la chasse aux collabos de l'époque communiste.
En vigueur depuis le 15 mars, la loi sur les "lustrations" oblige les membres d'une cinquantaine de professions nés avant 1972 d'avouer leurs contacts avec la police secrète à l'époque communiste. Mais le vendredi 11 mai, à la demande de l'Alliance de la gauche démocratique (SLD), qui regroupe, entre autres, d'anciens communistes, la Cour constitutionnelle a rendu son verdict. Elle considère comme anticonstitutionnels plusieurs articles de cette loi, et par conséquent elle demande d'élaborer un nouveau projet, sans mettre toutefois en cause la nécessité d'une telle décommunisation.
C'est un grand coup porté contre la coalition au pouvoir, et surtout contre les frères Kaczynski, respectivement Premier ministre et président de la République, pour qui la décommunisation reste une priorité. "La Cour constitutionnelle a massacré la loi sur les lustrations. Elle a considéré que plusieurs dizaines de ses articles sont anticonstitutionnels. C'est contre eux que l'intelligentsia polonaise a protesté", explique Jaroslaw Kurski, commentateur politique du quotidien Gazeta Wyborcza. "C'est une grande défaite de Droit et justice. Les juges ont anéanti le principal projet du camp des lustrations généralisées", considère Kurski. "La Cour constitutionnelle a résisté aux pressions du PiS et elle a défendu la loi en Pologne. Les juges méritent notre estime et notre reconnaissance." En effet, les politiciens ont essayé de retarder la procédure et de révoquer certains membres de la Cour sous prétexte de leur passé, mais sans succès.
Bronislaw Wildstein, ancien opposant rendu célèbre par la publication d'une liste d'"agents" relevée à l'Institut de la mémoire nationale (IPN), qui gère les archives de la sécurité communiste, n'est pas surpris par le verdict et propose de continuer en direction de la transparence. "La nouvelle situation", estime-t-il dans les pages du quotidien conservateur Rzeczpospolita, "exige une nouvelle solution juridique." Selon lui, le meilleur moyen d'en finir serait de rendre publiques toutes ces archives, à l'exception de celles qui portent sur la vie privée des personnes qu'elles concernent. "Si l'on impose la transparence, il sera impossible de manipuler les dossiers des anciens services de sécurité. Cela va empêcher les chantages, les fuites et d'autres agissements de ce type." Selon lui, les archives appartiennent à la société. "Ces fonds constituent une mine de connaissances sur la Pologne communiste", souligne-t-il.
Une bonne nouvelle, enfin. "Le président veut connaître l'opinion sur les lustrations", se réjouit le quotidien de droite Dziennik. "C'est pourquoi il veut rencontrer les chefs de tous les clubs parlementaires…" Pour mieux élaborer un nouveau projet de lustration.
Et le quotidien populaire Super Express résume la situation à sa façon. A la une, les deux frères Kaczynski déguisés en plombiers, ventouse et clé anglaise à la main. Le titre : "Encore un bousillage, messieurs…"
Iwona Ostapkowicz
Source: courrierinternational.com
mardi 15 mai 2007
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