La Russie peut-elle diviser l'UE ?
Le sommet UE-Russie s'ouvrira jeudi 17 mai à Samara dans une atmosphère tendue. De nombreux conflits opposent la Russie aux pays de l'Est membres de l'UE, alors que les pays occidentaux espèrent renforcer la coopération entre Bruxelles et Moscou. L'UE élargie va-t-elle trouver un terrain d'entente face à la Russie ?
Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne)
L'eurodéputé tchèque Josef Zieleniec, ex-ministre des Affaires étrangères, appelle l'UE à faire front contre la Russie. "A Samara, il ne s'agira de rien de moins que de l'avenir de la communauté politique européenne. Pendant des siècles, les monarques russes ont considéré l'Europe centrale et orientale comme leur zone d'influence naturelle. Ce point de vue fait aujourd'hui partie des piliers de la raison d'Etat russe, sans que l'adhésion à l'UE des jeunes démocraties y ait changé quoi que ce soit. (...) La Russie conteste systématiquement le droit à la souveraineté de ses anciens satellites. Elle saisit toutes les occasions pour les isoler du reste de l'UE et s'en servir contre les membres occidentaux. La grave crise autour d'un monument soviétique en Estonie, les menaces militaires en réaction au projet de bouclier antimissile [américain en Pologne et République tchèque], le blocage des importations de viande en provenance de Pologne, l'utilisation répétée du robinet à gaz comme matraque politique en sont les exemples les plus récents."
Latvijas Avize (Lettonie)
Uldis Smits est sceptique quant à l'amélioration des relations UE-Russie lors du sommet. Le conflit entre Moscou et Tallinn au sujet du 'Soldat de bronze' assombrit la rencontre. "Par la haine qu'elle fomente contre l'Estonie, la Russie rend involontairement service aux Pays baltes. Les médias occidentaux ont subitement commencé à s'intéresser aux événements des années 40. La conclusion à laquelle ils sont parvenus en analysant l'histoire n'est pas conforme à l'idéologie officielle de Moscou. Les 'manifestations spontanées' dirigées par le Kremlin sont perçues comme une campagne anti-occidentale orchestrée par Moscou. (...) Le père du nouveau président français Nicolas Sarkozy avait quitté la Hongrie pour fuir l'Armée rouge, et Nicolas Sarkozy lui-même ne cache pas sa sympathie pour les Etats-Unis. (...) Du fait de la disparition de la scène politique de la vieille garde des amis du Kremlin, comme Gerhard Schröder, Silvio Berlusconi et Jacques Chirac, Moscou aura davantage de difficultés à atteindre ses objectifs en Europe."
Neue Zürcher Zeitung (Suisse)
Pour Hansrudolf Kamer, l'Europe n'a pas encore trouvé de réponse convaincante à la 'grossière politique russe'. Il demande que la politique étrangère commune de l'UE prenne en considération les conflits opposant les pays d'Europe de l'Est à la Russie. "La vieille Europe doit avoir conscience du fait que l'élargissement de l'UE aux anciens pays satellites et membres de l'ex-Union soviétique met à mal les relations avec Moscou. L'UE n'a pas le choix, elle accomplit son devoir. Elle ne peut pas tenter de régler ses problèmes avec la Russie aux dépens de ses nouveaux membres. Prague, Varsovie et Tallinn, pour ne citer que ces capitales, ont leur mot à dire quant à la politique à adopter vis-à-vis de la grande puissance de l'Est. Elles ne se laisseront pas ôter ce droit par un nouveau traité constitutionnel. (...) Jusqu'à aujourd'hui, l'Union européenne était dans une situation confortable car elle pouvait imposer ses conditions aux nouveaux membres. Maintenant, elle va devoir faire preuve d'une plus grande solidarité avec eux, notamment en cas de crise."
Financial Times (Royaume-Uni)
Les universitaires Bertrand Benoit et Richard Milne rapportent qu'une dispute autour de la Russie a récemment opposé à Bruxelles les ambassadeurs d'Allemagne et de la Lituanie. Cette dispute "a soulevé la question de la capacité de l'Allemagne, qui occupe actuellement la présidence tournante de l'UE, à garder une position neutre dans les dossiers qui opposent la Russie aux anciens pays satellites soviétiques d'Europe de l'Est. (...) Le monde des affaires en Allemagne a besoin d'entretenir de bonnes relations avec une Russie stable, même si elle est autoritaire, et il a une influence considérable à Berlin. (...) En alimentant cette relation particulière avec Moscou, Berlin contribue cependant, selon certains experts européens, à diviser l'Europe. De plus, ils estiment que les intérêts allemands - qui consistent à persuader une Russie de plus en plus riche et de plus en plus ferme de continuer à fournir de l'énergie - seraient mieux défendus dans le cadre d'une véritable politique européenne à l'égard de Moscou."
Source: courrierinternational.com, le 17/05/2007
jeudi 17 mai 2007
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