mercredi 13 juin 2007

Chine: Rien a foutre !!!

L'Union européenne perd patience face à l'excédent commercial chinois

nacceptable" et "pas durable" : Peter Mandelson devait mettre en garde, mardi 12 juin à Bruxelles, le ministre chinois du commerce, Bo Xilai, contre le déséquilibre croissant des échanges commerciaux entre les Vingt-Sept et son pays. Tout en menaçant de durcir le ton au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le commissaire européen au commerce exige des autorités chinoises qu'elles suppriment les discriminations imposées aux entreprises européennes.


Tandis que les importations en provenance de l'empire du Milieu ont doublé entre 2002 et 2006, pour atteindre 192 milliards d'euros l'an passé, les exportations européennes vers la Chine sont restées beaucoup plus modestes, à 63 milliards d'euros.

A ce rythme, le déficit avec la quatrième puissance économique mondiale devrait atteindre 170 milliards d'euros en 2007, après 128 milliards en 2006. Soit un bond de plus de plus de 30 % en un an. Toutes régions du monde confondues, l'excédent commercial chinois a progressé de près de 73 % en glissement annuel en mai, selon des données publiées lundi : il pourrait se situer au niveau record de 300 milliards de dollars (225 milliards d'euros) d'ici à la fin de l'année.

Face à cette explosion, les relations se trouvent à "un croisement", estime M. Mandelson. Jusqu'ici, le commissaire a toujours plaidé pour le dialogue et la coopération avec une puissance émergente devenue, en l'espace d'une décennie, le premier fournisseur de l'Union. Voici deux ans, il s'était battu pour trouver une solution négociée afin de contingenter les exportations chinoises de produits textiles dans les dix catégories les plus exposées à la concurrence mondiale (pulls, soutiens-gorges, pantalons, etc.). Un accord qui arrive à terme à la fin de l'année.

LE PROTECTIONNISME DE PÉKIN

Cette politique conciliante aurait montré ses limites, à en croire les experts commerciaux bruxellois. D'après eux, les différentes mesures prises à Pékin pour calmer les exportations, et éviter la surchauffe d'une économie en hausse de plus de 11 % au premier trimestre, "n'ont pas beaucoup d'effets". Désormais, le commissaire demande donc avec plus d'insistance à Pékin "d'agir en conformité avec les engagements pris lors de son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce", en 2001.

Mardi, M. Mandelson devait ainsi exiger de nouveaux progrès sur la question du respect de la propriété intellectuelle. Après la plainte déposée à l'automne 2006 par les Etats-Unis, l'Union se réserve à ce sujet la possibilité d'engager sa propre procédure au sein de l'OMC. Selon de récentes estimations, 80 % des produits contrefaits saisis aux frontières de l'Union ont été fabriqués en Chine.

Sur place, les industriels ont toujours le plus grand mal à faire respecter leurs droits, ou à toucher les royalties négociées sur les transferts de technologie. "Des efforts sont perceptibles, mais les améliorations sont lentes", déplore un haut fonctionnaire : "Les autorités centrales ne parviennent pas à faire appliquer la législation sur l'ensemble du territoire, et nous expliquent qu'elles ne pilotent pas une économie administrée !"

Les Vingt-Sept s'en prennent aussi au protectionnisme des autorités chinoises, qui entravent les projets des exportateurs et investisseurs européens. Dans le domaine des télécommunications, ils regrettent que seules six licences, sur les quelque 20 000 attribuées depuis 2001, l'aient été à des opérateurs étrangers. Dans la banque, les autorités chinoises continuent, selon Bruxelles, de limiter les participations étrangères entre 20 % et 25 % du capital d'un établissement.

"Tout est fait pour protéger l'activité domestique, en ignorant parfois les règles du marché", se plaint un expert, en mettant en avant le cas de l'acier. Les Européens s'inquiètent de la progression exponentielle de la production chinoise dans ce secteur en surcapacités, et craignent l'exportation des surplus à des prix de dumping. "La Chine doit prendre conscience que ces évolutions sont mauvaises pour son propre développement", observe M. Mandelson : faute de progrès, le déséquilibre actuel "ne fera que renforcer les inquiétudes à son égard".

Philippe Ricard
Article paru dans l'édition du 13.06.07
Source: LE MONDE | 12.06.07 | 15h14 • Mis à jour le 12.06.07 | 15h14
BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN

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