Un G8 sous tension
a réunion ministérielle, mercredi 30 mai à Postdam, en préparation du sommet du G8 d'Heiligendamm, du 6 au 8 juin, sous présidence allemande, n'a fait que confirmer les tensions qui parcourent cette enceinte des grandes puissances industrialisées. Deux dossiers importants font l'objet de graves désaccords : celui de la lutte contre le réchauffement climatique, qui met aux prises les Etats-Unis et la chancelière allemande, Angela Merkel, qui en a fait l'une de ses priorités ; et celui du statut du Kosovo, la province albanophone que les Occidentaux voudraient faire accéder à un statut d'"indépendance surveillée", sans avoir réussi à emporter l'assentiment de la Russie. Moscou brandit la menace d'un veto au Conseil de sécurité de l'ONU.
Sur le Kosovo, une discussion tendue a opposé, à Potsdam, le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov, et ses homologues américain et européens. Le
représentant russe a jugé que les positions étaient "diamétralement opposées", arguant que toute modification des frontières serait lourde de déstabilisation dans les Balkans, avec des conséquences possibles dans le Caucase.
La Russie a déployé ces derniers mois une rhétorique particulièrement offensive, face aux Etats-Unis, au sujet du bouclier antimissile en Europe, et ses relations avec les Européens se sont détériorées, notamment à l'occasion d'une dispute sur le déplacement d'un monument soviétique en Estonie. En comparaison avec le G8 de Saint-Pétersbourg en 2006, celui de Heiligendamm s'annonce comme une réunion à haute tension.
En invitant, le 30 mai, le président russe, Vladimir Poutine, à se rendre les 1er et 2 juillet dans sa résidence familiale à Kennebunkport, dans le Maine, le président américain tente une ouverture en direction d'un interlocuteur malcommode. Si elle est bienvenue, cette démarche intervient tardivement, alors que les contentieux se sont déjà accumulés, et que Washington a fait preuve de maladresse en poussant son avantage avec le bouclier antimissile, face à une Russie soucieuse d'apparaître comme un partenaire reconnu.
Le G8 sera un test pour Mme Merkel comme pour Nicolas Sarkozy. La chancelière allemande va devoir démontrer sa capacité à rapprocher les positions des Européens et des Etats-Unis sur la lutte contre le gaz à effets de serre, et à jouer les médiatrices avec la Russie. Quant au président français, il y aura sa première rencontre depuis son élection avec M. Bush. Les Etats-Unis ont "le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique", avait déclaré M. Sarkozy au soir du 6 mai. Le chef de l'Etat aura aussi à se positionner face à M. Poutine, dont il a fortement critiqué la politique lors de la campagne électorale. Un passage du discours aux actes.
Source: LE MONDE | 31.05.07 | 13h18
Article paru dans l'édition du 01.06.07
vendredi 1 juin 2007
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