La nouvelle affaire Mattel survient alors que la tension monte autour du déficit commercial sino-américain, qui ne cesse de se creuser.
« JE TE TIENS, tu me tiens. » Très liés commercialement et financièrement, Pékin et Washington n'ont pas fini de se défier. La nouvelle affaire Mattel est vécue par les milieux d'affaires chinois comme un moyen de pression supplémentaire de la part de l'Amérique.
Alors que le géant du jouet vient d'annoncer un second rappel de produits « made in China », la General Administration of Quality Supervision, l'organisme chinois chargé du respect des normes de qualité, a sèchement communiqué hier, affirmant qu'« une large majorité des exportations chinoises vers les États-Unis sont conformes aux normes américaines ».
Pékin a promis d'enquêter sur les quelque 20 millions de jouets rappelés par Mattel ces quinze derniers jours. Le pays, qui produit 70 % des jouets vendus dans le monde et réalise un chiffre d'affaires d'environ 15 milliards d'euros dans ce secteur, tient à sa réputation.
Quant à la presse sinophone, elle reste discrète sur le scandale, qui a déjà connu un épisode tragique le week-end dernier avec le suicide de Zhang Shuhong, le propriétaire hongkongais de Lee Der qui fournissait Mattel depuis quinze ans.
« Pions de marchandage »
Mais cette affaire survient alors que le ton monte entre Washington et Pékin à propos du déséquilibre commercial entre les deux pays. Il ne cesse d'enfler, et a atteint 21,2 milliards de dollars au cours du seul mois de juin. Les milieux d'affaires chinois soupçonnent l'Administration Bush de vouloir mettre la pression sur leur gouvernement pour contenir les importations américaines.
Ces derniers mois, une série de scandales a d'ailleurs entaché la réputation du « made in China ». De la nourriture pour chiens toxique au dentifrice à l'antigel, en passant par les pneus défectueux ou les batteries explosives - Nokia a évoqué le nombre de 46 millions de téléphones portables concernés -, aucun secteur n'a été épargné.
Mais Pékin a les moyens de riposter, notamment à l'hostilité des sénateurs américains qui réclament des surtaxes sur les produits chinois avantagés par le yuan faible. Deux universitaires locaux ont récemment évoqué la possibilité pour la Chine d'utiliser les bons du Trésor qu'elle détient dans ses réserves de change comme « pions de marchandage » dans les relations sino-américaines.
Cette proposition a été mollement écartée par la banque centrale chinoise, mais elle a fait réagir le président Bush et son secrétaire au Trésor, Henry Paulson. La semaine dernière, ces derniers ont mis en garde Pékin contre toute vente de titres américains qui serait « téméraire » et « absurde ».
Il faut dire qu'avec l'équivalent de 1 300 milliards de dollars de réserves de change, dont quelque 400 milliards d'obligations d'État américaines, l'empire du Milieu a de quoi se faire entendre des marchés.
Source: JULIE DESNÉ - lemonde.fr - Le "made in China" sous haute pression américaine
jeudi 16 août 2007
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