samedi 18 août 2007
Kourtrajme
Kourtrajmé : un collectif explosif dans le cinéma français !
« Relève du cinéma français » pour certains, simples nouveaux venus dans le clan très privé des « fils de » pour d’autres, une chose est sûre le collectif Kourtrajmé ne laisse personne indifférent au grand bonheur des ses fondateurs ! Musique, cinéma : Kourtrajmé s’impose sur tous les fronts et compte bien y rester ! Entre promo, sortie de Kourtrajmé Anthology et préparation du dvd de Sheitan (prévue pour le 11/09) nous avons interceptés Kim Chapiron, Romain Gavras et Toumani Sangaré, trois réalisateurs du collectif. Bien dans leur temps et dans leurs baskets, ils avancent tranquillement, marquant les esprits à coups de liberté et de révolution ! Bienvenue dans le monde parallèle de Kourtrajmé...
Propos recueillis par Gaëlle Hannebicque.
Qu’est-ce que le collectif Kourtrajmé ?
Kim Chapiron : Kourtrajmé c’est avant tout une bande, un mouvement de potes qui se sont réunis autour d’une caméra pour créer des images avec une énergie instinctive et des envies complètement spontanées. Et il en résulte une série de courts métrages et de clips.
Romain Gavras : Kourtrajmé, comme le cinéma, englobe tout : la musique, la vision... Il n’y a pas que des réalisateurs, il y a des musiciens, des jongleurs, des acteurs...
Toumani Sangaré : La spécificité de Kourtrajmé, c’est aussi que tous les réalisateurs touchent un peu à tout : on fait la mise en scène, le montage. On s’est même initiés au montage son. On n’est pas professionnels dans tout ces domaines mais on a de sérieuses bases. Et puis chacun monte son projet et on s’entraide.
Comment vous y êtes vous pris pour faire connaître Kourtrajmé ?
K.C. : Grâce au VHS ! On dupliquait les VHS de nos courts métrages et on les donnait à tout le monde. Et puis on est arrivé dans la génération Internet/dvd, ce qui a permis un « boom » Kourtrajmé : on a rapidement été dvd d’or.
R.G. : Comme le court métrage est assez dur à voir car c’est toujours les mêmes circuits de diffusion, il y avait des projections via notre site Internet www.kourtrajme.com.
K.C. : Et puis à l’époque le court métrage dans la tête des gens, c’était quelque chose de « chiant ». Donc pour nous c’était un peu difficile parce qu’on n’était pas dans cette catégorie.
R.G. : On faisait des premières parties de concert avec nos courts métrages pour chauffer la salle.
K.C. : Et puis au fur et à mesure, il y a eu plusieurs « filiales » Kourtrajmé qui se sont créées pour pouvoir parler de choses différentes : KT Africa que Toumani a développé, KT Toukos représenté par Ladj Ly et Nico Le Phat Tan, deux acteurs de Sheitan, KT Bagdag avec Mohamed de La Caution, et l’équipe Z avec Mouloud et Alex Alabaz.
T.S. : Et on a aussi vendu notre corps, on a couché avec beaucoup de gens pour être connus !
Toumani, peux-tu nous parler de Kourtrajmé Africa ?
T.S.
: C’est une filiale de Kourtrajmé que j’ai développé en 2000 au Mali. J’ai fait beaucoup de clips vidéos car la musique malienne est très active, entre autre pour Salif Keita ou des musiciens très connus là-bas mais un peu moins en France. Kourtrajmé Africa est structuré exactement comme Kourtrajmé en France avec des graphistes, compositeurs, acteurs. Actuellement au Mali, on doit être une petite cellule de 40 personnes. Dernièrement, on a fait un court métrage sur le commerce équitable, pour Max Havelaar, ce qui est important pour nous parce que Kourtrajmé ce n’est pas juste porter une image, se dire qu’on est 134 et qu’on se fout des autres !
Y a t-il un style Kourtrajmé ?
R.G. : Oui ! Notre style s’est développé avec l’apport du numérique.
K.C. : Le style Kourtrajmé c’est une liberté totale de sujet, d’images, de cadrage et aucune censure ni contrainte puisque nous n’avons pas de producteurs, pas de techniciens et que c’est nous qui faisons tout ! S’il est 3 heures du matin et que l’on a envie de faire un film, on le fait. Nos premiers films ont été faits comme ça ! Et je suis content parce que dans mon premier film Sheitan on m’a dit qu’on sentait cette liberté.
Que vous apporte l’appartenance à un groupe ? Est-ce que ça vous permet d’oser plus de choses sur le plan créatif ?
R.G. : Bien sûr ! C’est une force ! Aujourd’hui, tout est communautaire, nous on s’en fout mais c’est vrai que plus tu es dans le même délire, plus tu oses des choses que tu n’oserais pas seul.
T.S. : Moi ça m’apporte beaucoup d’amour ! Je reçois beaucoup d’amour de tous les continents dans ce collectif. On s’aime tous ! (sourire)
K.C. : Kourtrajmé c’est une signature avant tout ! On est poussé par une dynamique de groupe mais chacun développe ses propres projets.
Vous évoquez beaucoup de sujets tabous dans vos films. Est-ce que vous éprouvez le besoin de provoquer, de choquer ? Vous êtes-vous fixés des limites ?
T.S. : Tant que ça nous amuse et que ça nous divertit... ! On ne sent pas ça comme de la provocation parce que, pour nous, c’est la vie de tous les jours ! Après des choses comme la zoophilie c’est juste pour rire !
K.C. : C’est pas vraiment un besoin de provoquer mais en ce moment le cinéma, la chanson, tout ça est tellement mou ! Les gens n’osent plus, pour des raisons de politiquement correct ou bien souvent commerciales. Dans tout ça c’est assez dur de « faire son trou » donc la provocation pour nous c’est une carte de visite pour exister, mais ce n’est pas ça le fond !
R.G. : C’est aussi une façon d’aller extirper des réactions auprès des gens. Que les gens aiment ou pas, au moins tu les as marqués !
K.C. : On ne se fixe pas de limites. Il n’y a pas un seul sujet d’interdit. Dans Kourtrajmé, on rigole de tout et on l’assume !
Peux t-on parler de côté machiste de Kourtrajmé ?
K.C. : Pas du tout ! (rires)
T.S. : Euh... c’est vrai on est un peu machiste, un peu beaucoup ! En même temps ce sont les choses qui ont évolué comme ça, on n’a pas contrôlé ! On aurait adoré avoir des millions de filles dans notre collectif mais à l’époque elles nous trouvaient vilains, elles refusaient de participer à nos courts métrages, alors qu’aujourd’hui elles nous trouvent jolis (rires). Mais dans le collectif, on adore les femmes et on les respecte ! Dans Sheitan et dans nos courts métrages, on donne une image très réaliste des filles (et des garçons aussi !) de notre génération !
R.G. : Au début, on était jeune : on pensait encore que les filles c’étaient pour tirer les cheveux et jeter des cailloux dessus.
K.C. : Si on avait commencé Kourtrajmé là maintenant, il n’y aurait que des filles !
Comment appréhendez-vous l’écriture du long métrage ? Est-ce une étape difficile pour vous ?
K.C. : C’est quelque chose d’horriblement dur ! Ca m’a pris 4 ans ! Mes deux premiers projets n’ont pas abouti et Sheitan a été mon troisième. Mais pour faire un long métrage, quand il y a de grosses sommes d’argent, tu es obligé d’écrire quelque chose de carré pour que les financiers te fassent confiance ! L’avantage c’est, qu’à la différence du court, le long métrage a un réseau de diffusion énorme. Et le vrai intérêt d’un réalisateur c’est bien de faire des images pour que les gens les voient. Sheitan est d’ailleurs vendu dans 34 pays, on commence une tournée internationale, on était au Japon, en Grèce et les gens ont super bien accueillis le film. Et ça avec Kourtrajmé ça nous est arrivé mais à plus petite échelle !
Que répondez-vous à ceux qui vous qualifient de « fils de », vous reprochent d’avoir eu des facilités pour faire du cinéma ?
R.G. : On leur répond oui c’est vrai mais ce ne sont pas des facilités comme « tiens je t’achète une Rolls Royce ou une caméra 35 » non, c’est plutôt le fait d’être soutenu au niveau artistique ! C’est une chance et c’est rare de se faire encourager artistiquement.
T.S. : Moi je ne suis pas « fils de » mais je ne pense pas que Kim et Romain se soient servis de ça ! On a quand même énormément bossé, on a fait des choix et on a privilégié le boulot avant tout !
K.C. : Nous c’est une histoire de facilité et de fierté. Nos parents viennent de nulle part, ils se sont faits tout seuls, ce sont des sortes de guerriers de la vie, ils se sont battus comme des chiens. Leur expérience nous a poussés. Alors les gens qui nous attaquent sur ce sujet là, c’est de l’aigreur. Nos parents on en est tous super fiers ! Et si nous on est là à faire des choses comme ça, c’est uniquement parce qu’on a eu des parents comme eux !
Que faut-il pour être membre de Kourtrajmé ?
T.S. : Il faut coucher ! Enormément...
Quels sont vos actualités, vos projets ?
R.G. : Là on vient de sortir un triple dvd Kourtrajmé Anthology 1995-2005, qui regroupe l’ensemble de ce qu’on a fait !
K.C. : On est en perpétuel mouvement ! On écrit chacun nos longs métrages puisqu’on a envie que nos images soient vues par un maximum de gens.
R.G. : Le film que j’écris ce sera une histoire d’amour !
T.S. : Moi c’est sur les Noirs comme d’habitude.(rires) Mais on commence tout juste Kourtrajmé International. Bientôt il y aura Kourtrajmé en Asie, à New York, en Sibérie... partout ! Bientôt on aura notre immeuble. On va racheter la Tour Montparnasse et on va inscrire en gros Kourtrajmé dessus !
Kim Chapiron, 25 ans :
L’amour (rires)..., Kusturica, Todd Solondz, Harmony Korine, Terry Gilliam, Tsui Hark, Zhang Yimou, Takashi Miike. On est pas fan d’un genre précis, on est vraiment très ouverts aussi bien musicalement qu’au niveau cinéma !
Romain Gavras, 24 ans :
Tu puises dans les histoires que tu entends, dans ce que tu lis, ce que tu vois ! Mais sinon Blier, Larry Clark...
Toumani Sangaré, 25 ans :
Diata Sya et beaucoup de musiques africaines parce qu’on y trouve toujours quelque chose de nouveau. Pour le cinéma africain : Souleymane Cissé, Cheikh Oumar Sissoko mais sinon pour le cinéma occidentale, je suis assez grand public.
Source: studyrama.com - Kourtrajmé : un collectif explosif dans le cinéma français !
le site de Kourtrajme: www.kourtrajme.com
vous aurez reconnu matthieu kassovitz
same with Vincent Cassel
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