mercredi 16 juillet 2008

Olivier Rousseau : «La décision de la CGT entraîne 402 licenciements à Amiens»

Olivier Rousseau, PDG de Goodyear Dunlop Tires France, explique pourquoi 402 salariés sur 1 450 seront licenciés en septembre à Amiens.

Dernier acte pour l'usine d'Amiens Nord de Goodyear Dunlop. Après plus de vingt mois de négociations, la CGT, syndicat majoritaire du site, a fait valoir son droit d'opposition à l'accord sur l'organisation du travail en 4 × 8, pourtant accepté par les salariés.

Le Figaro. La décision de la CGT rend caduc l'accord trouvé avec les salariés et rend « inéluctables », selon vos propres mots, les licenciements.
Olivier Rousseau. Je suis consterné par la décision de la CGT, dont les conséquences sont connues. Quel est l'intérêt, pour le syndicat ? En quoi les élus respectent-ils le mandat qui leur a été donné. Nous avons négocié pendant plus de vingt mois, obtenu plus de 72 % de « oui » à un vote auquel 54 % des salariés ont participé, en dépit d'un appel au boycott de la CGT et de SUD. Et, malgré tous nos efforts pour laisser une porte ouverte, les élus CGT l'ont définitivement fermée. Conséquence : 402 lettres de licenciement vont partir en septembre. Je n'ai aucune envie d'envoyer ces lettres, qui ne seront pas les dernières, ni de fermer une usine. La CGT ne me laisse pas le choix.L'avenir du site d'Amiens est donc menacé ?La décision de la CGT fragilise l'usine, les salariés, la région. Nous sommes le premier employeur privé en Picardie. Je regrette fortement cette décision. J'aurais compris que la CGT ne vote pas cet accord et laisse à chacun le choix. Là, la CGT ne respecte ni le verdict des urnes, ni sa parole de se conformer au choix des salariés, quel qu'il soit. Cette décision va à l'encontre de tout ce qui a été dit. Personne ne peut en tirer gloire. Je ne comprends pas cette position. Il faut aussi imaginer ça vu de l'étranger. Nos actionnaires sont américains. C'est déjà bien assez compliqué de leur expliquer qu'il faut faire voter les salariés pour réaliser un investissement… Alors là !

Vous estimez n'avoir désormais pas d'autres choix que de réduire la production et les emplois. Cela ressemble à un chantage à l'emploi.
C'est un choix. Soit on rend l'usine compétitive, soit on la ferme. Sur chaque pneu tourisme à faible valeur ajoutée fabriqué à Amiens, on perd vraiment beaucoup d'argent. Les coûts de production du site sont de 25 % plus élevés que ceux du groupe en Allemagne. Et je ne vous parle pas de Pologne ou d'Asie.

Vous pourriez réaliser les 26 millions d'euros d'investissement promis, sans modifier l'organisation du travail.
Cela ne suffirait pas à combler le retard. En moyenne, les équipes de production travaillent moins de 32 heures par semaine contre 39 heures 45 en Allemagne. L'accord portait le temps de travail à 35 heures par semaine, avec une organisation en 4 × 8 pour toutes les équipes et non plus une organisation partagée entre équipe de semaine et de week-end. Cela permettait de combler en partie le retard de compétitivité. Le tout avec une hausse de la rémunération mensuelle des salariés concernés, comprise entre 160 et 190 euros par mois (pour des salaires bruts mensuels compris entre 1 800 et 2 000 euros). Nous avions même mis en place une « prime au changement d'organisation » de 3 500 euros.

Qu'advenait-il des salariés qui auraient refusé l'accord ?
Nous avons bien conscience des difficultés que peuvent engendrer de tels changements d'organisation. Comme pour l'usine d'Amiens Sud, les salariés qui auraient refusé individuellement cet accord auraient dû quitter l'entreprise, mais dans des conditions financières favorables, avec un plan d'accompagnement. Rien de tout cela ne sera mis en place.

Source: lefigaro.fr - Elsa Bembaron

Mon opinion: il est assez hallucinant de voir qu'en 2008, les Français sont toujours dans un déni le plus total 1. de l'économie de marché...et de ce fait des principes de compétitivité 1.de la mondialisation... diabolisée par la Gauche et les Syndicats.
Prendre l’entreprise privée comme le « Grand Satan » de notre époque est insultant 1.pour les gens qui dirigent ces sociétés et de ce fait, assument d’énormes responsabilités 2. pour les actionnaires… qui… et toute la classe politique Française a l’air de l’oublier… représentent pas mal de personnes comme vous et moi… qui placent leurs économies et attendent un retour.
Le licenciement de ces 402 salaries est bien entendu une catastrophe pour la région et pour toutes ces familles. Maintenant, il faut se poser la question de l’après Goodyear. Comment faire pour que ces personnes retrouvent un emploi rapidement en lien avec leurs qualifications et compétences ?

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