La Revolution Hedi Slimane
Devenu directeur artistique de Dior Homme en juillet 2000, cet autodidacte a imposé sa silhouette filiforme et étriquée à l'ensemble de la mode masculine.
DEPUIS l'automne-hiver 2001, les costumes griffés Dior Homme se reconnaissaient à l'oeil nu. Des épaules construites sans excès, les revers de col effilés jusqu'à la taille, doucement appuyée, et dans le prolongement, un pantalon à la ligne étirée qui finit d'élancer l'allure générale : la précision chirurgicale d'Hedi Slimane dans la coupe d'un costume est cousue de mille petits riens qui ont tout changé en mode masculine. Non seulement il a incité la génération élevée au sportswear à enfiler ses premières vestes, mais il a aussi amené l'ensemble des marques de prêt-à-porter à revoir gabarits et patrons pour proposer une allure plus contemporaine et moins engoncée.
La mode masculine évolue à petits pas. Avant Hedi Slimane chez Dior Homme, Giorgio Armani est le dernier créateur à l'avoir réellement fait bouger avec des coupes débarrassées de tous les carcans et entoilages tailleur. C'était en 1975 et, malgré la révélation de pléthore d'autres talents au fil des décennies suivantes, le dressing de M. Tout-le-Monde n'avait plus foncièrement changé. « Je concentre mon travail sur la redéfinition de la silhouette de l'homme », expliquait Slimane à ses débuts chez Dior. « Il s'agit de libérer le corps, d'intégrer un nouveau confort, de simplifier et d'épurer le vêtement au maximum pour préserver la morphologie masculine. » Autodidacte, le jeune directeur artistique a quasiment un oeil neuf lorsqu'il fait son entrée au 30, avenue Montaigne, en juillet 2000. Il a alors 32 ans. S'il a successivement travaillé pour José Lévy, New Man et Yves Saint Laurent Rive Gauche après des études d'histoire de l'art à l'École du Louvre, sa force sera de traduire les envies des garçons de sa génération dans ses collections. S'il se réfère parfois à l'histoire du costume et à d'autres créateurs masculins (Helmut Lang, Raf Simons), ce sont surtout la musique, le design et les arts au sens large qui viennent nourrir son travail.
L'oeil sur tout
D'une saison à l'autre, il précise son propos chez Dior Homme, élabore un style personnel, alors que ses confrères continuent de passer d'une inspiration à l'autre, sur le modèle de la création en mode féminine. Grand adolescent aux débuts du streetwear, les phénomènes de rue font naturellement partie de sa culture et, de Berlin à Los Angeles, en passant par Londres, New York et Tokyo, Slimane repère les nouvelles attitudes qu'il réinterprète en version luxe pour Dior Homme. C'est lui aussi qui relance l'esthétique rock. Alors que les griffes de luxe déclinent les mêmes concepts de magasins dans toutes les capitales du monde depuis le début des années 2000, il sera un des premiers à imaginer des boutiques uniques pour que l'achat soit, à chaque fois, une expérience inédite.
Bref, rien n'échappe à l'oeil de Slimane. Du prêt-à-porter aux accessoires en passant par les parfums masculins, tout doit être raccord. En une poignée d'années, c'est un véritable électrochoc qu'il administre à la maison Dior qui misait jusqu'alors sur un classicisme bourgeois en mode homme. Soutenu par des campagnes publicitaires mondiales, l'impact de son style n'en est que plus fort. Même les femmes sont attirées par ses silhouettes androgynes. D'ailleurs, à mesure que les saisons passent, il met de plus en plus d'insistance à faire savoir au groupe LVMH son désir de lancer sa propre griffe en mode femme... Depuis un an, ce projet était au coeur des renégociations de son contrat. Contre toute attente, s'il se réalise, ce ne sera pas avec le soutien de Bernard Arnault qui avait pourtant donné toutes les armes et une admirable carte blanche à Hedi Slimane, lui permettant de créer un nouvel homme pour le XXIe siècle.
Source:lefigaro.com - http://www.lefigaro.fr/culture/20070330.WWW000000361_la_revolution_hedi_slimane.html
vendredi 30 mars 2007
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